À quoi faut-il faire attention quand on exploite des vélos en libre-service ?

Pour tout service vélo, il faut d’abord avoir en tête qu’un vélo fonctionnel, confortable et sécurisé pour l’usager est nécessairement un vélo entretenu.

Cela passe d’abord par de la maintenance préventive. Elle permet d’éviter les pannes, grâce à des contrôles périodiques complets, la réalisation des réglages courants et le remplacement des pièces usées.

La maintenance curative, quant à elle, est nécessaire lorsque le vélo est en panne, ou en très mauvais état. L’enjeu est de l’éviter au maximum, car elle est plus coûteuse et peut nécessiter l’immobilisation du vélo.

La maintenance régulière du matériel est encore plus importante pour un service de vélos en libre-service, car les vélos sont utilisés de façon intensive par différents usagers. Ils sont entreposés en extérieur donc exposés aux aléas climatiques et subissent des dégradations inévitables. 

L’objectif principal de la gestion technique est que le service soit opérationnel jour après jour. La maintenance se fait donc autant que possible dans la rue, pour éviter l’immobilisation des vélos. Avec un logiciel de GMAO, il est également possible de mettre en place une maintenance prédictive. Les données sur les opérations de maintenance permettent de faire apparaître les pannes les plus fréquentes et les facteurs de causalité, et donc d’anticiper les réparations pour éviter l’indisponibilité du vélo.

Au-delà de la maintenance, nos équipes prennent en charge l’entretien des stations et la réallocation des vélos afin de s’assurer que ceux-ci soient bien disponibles pour les usagers au bon moment.

À Brest Métropole, c’est la première fois que Vélogik exploite un service de vélos électriques en libre-service avec les stations compactes de Fifteen. Quel retour faites-vous sur cette technologie ?

La borne a été conçue pour pouvoir être installée, retirée et déplacée facilement. Elle est légère et s’ancre au sol avec très peu de travaux. Les 29 stations à Brest ont pu être installées en 2 semaines permettant un déploiement rapide du service.

Sur la station, les vélos sont attachés entre eux via des électro-aimants. Ils se retirent facilement en actionnant le frein. L’usager prend toujours le premier vélo. Si celui-ci est en panne, il l’indique dans l’application, qui l’autorise à retirer le vélo et à le mettre sur le côté de la borne, puis accède ainsi au vélo suivant. De même, le système empêche un vélo qui a moins de 20% de batteries d’être pris par un usager pour éviter un usage dégradé.

La sécurisation du vélo est gérée directement sur celui-ci (alarme, géolocalisation et blocage de la roue). Du coup, sur la station, l’accroche n’est pas trop forte, pour éviter les phénomènes d’acharnement et de vandalisme des usagers.

Le grand avantage de ce système c’est que si le vélo est déclaré comme défectueux ou s’il est victime de malveillance, le système donne une alerte qui remonte à nos équipes techniques qui se déplacent pour une intervention curative. 

Vélogik est un acteur clé du service public de vélos en location longue durée (VLD) de la région Île-de-France : Véligo. Quelle est votre implication et que retenez-vous de ce service hors normes ?

Ce service est effectivement hors normes de part :

• Sa taille : 20 500 vélos, des VAE et 3 types de vélos cargos à assistance électrique. C’est tout simplement le plus grand service de location longue durée de vélos à assistance électrique (VAE) au monde.
• La diversité du territoire concerné : le service couvre toute l’Ile de France, du cœur de Paris aux petits villages des Yvelines, en passant par les zones péri-urbaines. Le service répond donc à des usages très divers.
• Sa vocation : faire essayer un VAE de qualité à un coût raisonnable dans une optique de changement d’habitude de comportement. L’objectif est d’inciter à l’abandon de l’usage de la voiture pour certains trajets. Avec le VAE, le nombre de trajets concernés augmentent (distances allongées, pas de freins liés aux dénivelés), de même que la population cible (pas de nécessité d’être un grand sportif).

Vélogik fait partie du groupement Fluow qui gère le service aux côtés de La Poste, Transdev et Cyclez. L’entité parisienne de Vélogik est en charge des opérations de maintenance effectuées auprès des usagers, à leur domicile, pendant la durée de leur location. Nous pilotons aussi une quarantaine de sous-traitants qui effectuent cette même mission dans toute l’Ile de France. Enfin c’est notre GMAO, Vélocare qui est utilisée pour gérer la maintenance des 20 500 vélos. 

Quelles évolutions technologiques rendent déjà, ou rendront l’exploitation et la maintenance de services vélos plus efficaces à l’avenir ?

Nous avons déjà souligné l’intérêt de la maintenance préventive possible grâce aux vélos connectés.

Toutes les innovations permettant de réduire le vol de vélos constituent aussi de grandes avancées. Le vol de vélo est l’un des grands freins au développement de la mobilité cyclable. Le blocage du vélo à distance ou le cadenas connecté permet de limiter grandement le phénomène.

Le traitement des données d’usage qui remontent via un vélo connecté permet également de piloter les adaptations du service en fonction des besoins et de le développer de façon efficiente.

Ces technologies facilitent l’exploitation et permettent un monitoring efficace. La maintenance reste toutefois un métier mécanique nécessitant savoir-faire et expertise de techniciens.

Selon nous, les évolutions majeures à venir pour les usagers seront des évolutions de service qui sont bien souvent rendues possibles grâce à la technologie. Il nous semble que les prochaines avancées se feront au niveau de la multimodalité et de la connexion des systèmes vélos au reste des offres de mobilité.
 

Vélogik est très engagé dans la promotion des modes actifs. Quels conseils donneriez-vous aux collectivités françaises qui hésitent à lancer des services vélos (VLS, VLD, Maisons du vélo, etc) ?

D’abord il ne faut pas hésiter. La nécessité de décarboner nos mobilités n’est plus à démontrer.

Un territoire qui développe la mobilité cyclable, qui garantit la possibilité de faire du vélo de façon sécurisée, via des aménagements adaptés, renforce indéniablement son attractivité, en offrant à ses habitants ou aux personnes de passage un cadre agréable et apaisé.

Dans cette optique, les services vélos VLD ou VLS sont un outil indispensable. L’efficacité des services vélos des collectivités vient d’être chiffrée par le rapport de l’Association des Acteurs du Vélo Public (AAVP). Et les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Les services vélos :

• Permettent la remise en selle : 44 % des abonnés VLS refont du vélo régulièrement.
• Favorisent le report modal de la voiture vers le vélo : 26 à 49% des usagers des services vélos diminuent l’utilisation de leur voiture.
• Décarbonent les territoires : 12 000 tonnes de CO² évitées/an (2023)
• Les externalités positives notamment en termes de santé publique ne sont plus à prouver non plus

Les collectivités ont donc tout intérêt à mettre en place un service vélo sur leur territoire. A noter, que ce n’est pas parce qu’un usage est faible à un instant donné qu’il ne peut pas se développer. L’offre crée bien souvent la demande. On l’a bien vu avec la création de pistes cyclables temporaires lors de la crise du covid 19. Elles ont très rapidement été utilisées voire saturées, car leur seule présence a permis à beaucoup de personnes de se lancer.

Alors comment faire pour mettre en place un service vélo efficace ?

• Il faut penser système : le vélo est un prérequis mais n’est pas suffisant. Il faut prévoir des stationnements sécurisés, des aménagements, développer le savoir-rouler à vélo pour les jeunes mais aussi les adultes, bien prévoir la maintenance… Idéalement il faut penser une offre globale répondant aux différents usages. VLS, VLD, cargos, offre en gare, stationnement etc.
• Il est primordial de mettre en place des parcours d’accès au service simples et rapides.
• Il est également important de conserver une relation humaine : la technologie ne remplacera jamais complètement l’aide et le conseil. Pour développer la mobilité cyclable il est souvent nécessaire de lever des freins. La mise en place de lieux dédiés comme les maisons du vélo est une solution très intéressante. Elle permet d’informer et d’accompagner les usagers avec des cours d’entretien du vélo, des cours de circulation à vélo…
• Il est enfin indispensable de communiquer sur le service et les bénéfices de la mobilité cyclable, par exemple à travers des animations sur les différentes zones du territoire.

Ensuite un cercle vertueux se met en place. Et quand quelques années plus tard on regarde en arrière, on se demande comment on a fait pour vivre sans.

Merci à Vélogik pour leur partage d'expérience.